Appel à communications – Journées d’études , 15-16 septembre 2025 à la Fémis
Présentation
Entre sa création en 1943, sur les fondations du Centre artistique et technique des jeunes du cinéma (CATJC) établi à Nice en 1941, et sa fusion-absorption par La Fémis en 1986, l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) a été une institution centrale de l’enseignement du cinéma en France, dont elle a accompagné l’histoire. Pourtant l’école n’a fait l’objet d’aucune publication monographique couvrant l’ensemble de sa trajectoire. La longévité de cette école, le nombre d’acteurs impliqués, la diversité des approches permettant d’en rendre compte, ainsi que la pluralité et la quantité des sources expliquent sans doute que peu se soient risqués à reconstituer cette histoire. Plusieurs travaux de recherche ont néanmoins permis d’en aborder des pans significatifs, qu’ils portent sur la genèse de l’école dans la France de Vichy et l’immédiat après-guerre (Téchené), sur des figures d’enseignants, sur la place de l’école dans les politiques publiques du cinéma (Vernet), sur la crise qu’elle traverse en mai 1968 amenant à une révision fondamentale de ses cursus et de sa pédagogie (Layerle), sur la place des étudiants étrangers (Chomentowski, Pierre-Bouthier), ou encore sur la transition avec la Fémis (Turquier)1 – cette liste étant non exhaustive.L’ambition de ces journées est de réunir des chercheuses et chercheurs ayant mené des travaux sur l’histoire de cet établissement au cœur de l’écosystème français du cinéma selon des approches diverses, tout en contribuant, nous l’espérons, à identifier et stimuler de nouveaux travaux sur des enjeux encore peu traités.
Ces journées s’inscrivent dans la continuité de travaux menés par La Fémis, l’École nationale des Chartes et le Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CNRS-Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), notamment le projet “Histoire de la pédagogie de la création artistique XIXe-XXIe siècles” (depuis 2016) au sein de l’Université PSL, suivi de l’atelier “Enseignement du cinéma dans les écoles artistiques” du Campus Condorcet (2021-2022), ainsi que l’atelier trilatéral “Les écoles de cinéma au 20ème siècle : circulations artistiques, sociabilités politiques et réseaux professionnels” (2021-2023) à la Villa Vigoni2. Ces projets ont donné lieu à plusieurs journées d’études et colloques3, permettant notamment de réunir certains acteurs de l’histoire de l’IDHEC.
En outre, ces journées s’inscrivent dans le contexte d’un intérêt fort et croissant pour l’histoire, la pensée et les pratiques de l’enseignement du cinéma, qui s’est récemment traduit par des publications, des colloques (on peut citer notamment “Le cinéma dans l’enseignement supérieur français des années 1960 aux années 1980” les 5 et 6 avril 2018, sous la direction d’Hélène Fleckinger, Mélisande Leventopoulos et Dimitri Vezyroglou, ou “Enseigner les arts du spectacle” sous la direction de Thomas Horeau et Valérie Vignaux les 22 et 23 octobre 2024 à l’Université de Caen) et par des projets de recherche en cours. Elle résonne également avec l’essor d’une histoire des professions du cinéma et de l’audiovisuel, une histoire des techniques cinématographiques, avec la valorisation des collectifs de création, ou encore celle des films étudiants comme objets d’étude à part entière.
Organisées par La Fémis, l’Université d’Amiens, l’École nationale des Chartes et le CHS, ces journées d’étude font par ailleurs suite à une première journée de repérage le 7 octobre 2024 à La Fémis, et vise à en élargir les contributrices et contributeurs ainsi que les formats. Elles associeront ainsi présentations de travaux de chercheurs et chercheuses, table-rondes (notamment avec des témoins ou acteur·rices de cette histoire) et projections. Sans viser à l’exhaustivité, il s’agit de tracer un état des lieux des recherches actuelles sur l’IDHEC, et secondairement sur le CATJC et La Fémis, en vue d’une publication collective posant des jalons pour appréhender l’histoire de cette école.
Les propositions de contributions pourront s’inscrire dans les axes de questionnements suivants :
I. Histoire sociale et administrative de l’institution
-Une histoire de l’institution, son statut et son fonctionnement, son inscription dans une politique publique du cinéma, les liens de continuité ou de discontinuité pouvant exister entre le CATJC, l’IDHEC et La Fémis, avec une focalisation possible sur des périodes données ou des moments charnières – à titre d’exemple : la genèse et la création de l’école entre 1941 et 1943, les années 1950, le tournant de mai 68, la fin de l’IDHEC et la transition avec la Fémis…
-La description des différentes communautés de l’école, en suivant des parcours individuels ou en appréhendant des collectifs. Il serait possible de se concentrer sur des figures d’enseignant.e.s, d’élèves ou de membres du personnel administratif. Pourront être également traité les enjeux de diversité, de genre et de représentation des minorités (ouverture aux femmes selon les métiers, place des étudiant·e·s et enseignant·e·s étranger·e·s à l’IDHEC, etc.) mais aussi l’évolution des procédures de recrutement des élèves.
II. Identification des réseaux nationaux et internationaux dans lesquels s’inscrit l’IDHEC
– Les liens avec d’autres institutions d’enseignement, classes préparatoires (prépa Voltaire), autres écoles (Vaugirard puis Louis Lumière, écoles d’arts…), universités (Paris 8, Nanterre, CEGA…), les réseaux d’anciens étudiants…
– Les rapports entre l’IDHEC et l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel : enjeux corporatistes, place de l’école dans des stratégies professionnelles ; les ponts avec la télévision et la radio (médiums de diffusion, discours, recrutement),
– Les liens avec les institutions de conservation, de diffusion et de valorisation des films : par exemple Cinémathèque française, cinémathèques et archives du film à l’étranger, festivals, réseaux associatifs (ciné-clubs…),
– Les réseaux politiques et militants : quelle présence politique et syndicale au sein de l’IDHEC parmi les étudiants comme les enseignants et les personnels administratifs ?
– La vocation internationale de l’école, son rôle dans la création d’un réseau international des écoles de cinéma, la circulation des étudiant·e·s et des enseignant·e·s dans des écoles et institutions dans le monde.
III. Analyse des pédagogies, des productions étudiantes et postures critiques à l’IDHEC
-La pédagogie du cinéma et de ses métiers : on pourra notamment s’attacher à la description des cursus, aux principes pédagogiques, des exercices, au rapport à la cinéphilie, à l’évolution des techniques, aux pédagogies de chaque métier, au rapport au collectif de travail,
-Les productions réalisées à l’IDHEC : films, exercices, scénarios, etc., en les traitant comme des objets d’études polysémiques pouvant donner lieu à analyses diverses,
-la relation de l’école aux débats contemporains, touchant aux formes filmiques ou liés à la place du cinéma dans le champ social, à différentes époques (ex. sous Vichy, accords Blum-Byrnes, Nouvelle Vague, questions de genre ou décoloniales, mai 68, etc.).
Modalités de soumission
Les propositions de communication, d’environ 500 mots, préciseront les sources et archives mobilisées ainsi que les principales références bibliographiques. Accompagnées d’une courte biographie, elles sont à envoyer avant le 31 mars 2025 aux adresses : gabrielle.chomentowski@univ-paris1.fr, stephanie.louis@chartes.psl.eu, m.pierre.bouthier@u-picardie.fr, mariecharlotte.techene@gmail.com, b.turquier@femis.fr.
Comité d’organisation
Gabrielle Chomentowski (CHS/CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Stéphanie E. Louis (ENC-PSL – CJM)
Marie Pierre-Bouthier (UPJV – CRAE)
Marie-Charlotte Téchené (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – HICSA)
Barbara Turquier (La Fémis – SACRe)
Bibliographie indicative à consulter ici
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Stéphanie-Emmanuelle Louis (6 février 2025). APPEL : “L’Institut des hautes études cinématographiques(IDHEC) : jalons pour une histoire plurielle” HPCA. Consulté le 21 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/139vs
Une réflexion sur « APPEL : “L’Institut des hautes études cinématographiques(IDHEC) : jalons pour une histoire plurielle” »